Avec Pyronear, un système d’intelligence artificielle sous licence libre détecte les feux de forêt dès les premières fumées


Un Canadair de la Sécurité civile française largue de l’eau sur une forêt en feu près de Vogüé, en Ardèche, le 27 juillet 2022.

Dans les bois comme ailleurs, le temps joue toujours contre les pompiers. Lorsqu’un incendie se déclare, la rapidité de l’intervention conditionne le nombre d’hectares qui seront dévorés par les flammes. C’est à cette détection précoce des feux de forêt que travaillent depuis quatre ans une dizaine d’ingénieurs bénévoles, âgés de 25 à 30 ans, spécialisés dans les techniques d’intelligence artificielle. Ils se sont rencontrés en septembre 2019, lors d’une session de Data for Good, association qui organise régulièrement des hackathons (séances collectives de réflexion et de codage de nouveaux logiciels) autour de projets numériques d’intérêt général.

L’association Pyronear est née quelques mois plus tard pour « démocratiser des solutions technologiques sobres et ouvertes de lutte contre les incendies de forêt », explique Mateo Lostanlen, l’un des cofondateurs de l’association. L’équipe a mis à profit les confinements successifs dus à la pandémie de Covid-19 pour créer un système associant des caméras de vidéosurveillance à un micro-ordinateur équipé d’un logiciel d’apprentissage profond. « Concrètement, le système a été entraîné à reconnaître des départs d’incendies sur des dizaines de milliers d’images de feux de forêt », poursuit l’ingénieur, un ancien de SquareMind, entreprise de détection automatique de cancers de la peau à partir de photos de grains de beauté.

Depuis trois ans, l’outil est expérimenté dans les forêts d’Ardèche, en partenariat avec le service départemental d’incendie et de secours (SDIS). Des caméras ont été postées au sommet des tours de guet installées par les pompiers pendant la saison des feux. Toutes les trente secondes, le système analyse automatiquement les images qu’elles ont captées. Dès qu’il repère une fumée suspecte, l’alerte est donnée. Les pompiers peuvent alors vérifier l’information de leur caserne grâce à leurs propres caméras, dites de « levée de doute », qu’ils utilisent aussi pour localiser un feu qui leur est signalé par téléphone.

« Chacun peut améliorer le code »

D’emblée, l’équipe de bénévoles de Pyronear a conçu son outil de détection comme un « commun » ouvert et partagé. Contrairement à la plupart des autres acteurs du marché, le code du logiciel de Pyronear est sous licence libre, disponible sur la plate-forme GitHub consacrée aux logiciels partagés. Chacun – service public ou entreprise privée – peut y avoir accès, l’améliorer et le réutiliser, à condition de partager à son tour les améliorations apportées.

« Nous avons choisi une licence libre dès le départ, non seulement par conviction que c’est le meilleur moyen de diffuser l’outil le plus largement possible, mais aussi parce que cela permet d’avancer plus vite. Chacun peut améliorer le code, c’est précieux », explique Camille Modeste, ingénieure à EDF et membre de l’association. Grâce à cette ouverture, Pyronear bénéficie de soutiens publics et privés. Elle a intégré le programme Accélérateur d’initiatives citoyennes de la direction interministérielle du numérique, et s’apprête à rejoindre le dispositif de mécénat Fellowship de Google, qui met à disposition des ingénieurs volontaires pour aider au développement de projets à but non lucratif.

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